L'Ordre Militaire et Hospitalier de Saint Lazare de Jérusalem
L’Ordre de Saint-Lazare est considéré comme le plus ancien Ordre chevaleresque de la Chrétienté, parce qu’il tient ses racines d’une communauté de moines arméniens, dirigés par saint Basile le Grand, ayant fondé vers 370 à Jérusalem une léproserie près la porte Saint-Lazare.
Aujourd’hui, l’Ordre de Saint Lazare de Jérusalem est un Ordre chevaleresque Hospitalier, fidèle à ses principes fondateurs que résume notamment sa devise « Atavis et Armis » (par les Ancêtres et pas les Armes), menant des actions caritatives à travers le monde, aidant, par l'engagement bénévole de ses membres, des milliers de malades, de souffrants et de gens dans le besoin.
L'Ordre de Saint Lazare de Jérusalem est présent dans plus de 40 pays. Chacun de ses Grands Prieurés nationaux est régis par les statuts et constitutions de l’Ordre, dans le cadre des lois de son pays d’appartenance.
L'Ordre est composé de Chevaliers, de Dames de l'Ordre et de chapelains (religieux), tous dévoués à l'exercice des vertus chrétiennes et en premier lieu la charité. L'Ordre de Saint Lazare de Jérusalem a la particularité d’être un Ordre chevaleresque œcuménique. Ses membres appartiennent aux différentes confessions chrétiennes : Catholique, Anglicane, Orthodoxe et Protestante.
Questions fréquentes à propos de l'Ordre de Saint Lazare de Jérusalem
Quelles sont les qualités requises pour devenir membre de l’Ordre ?
Les personnes désirant devenir membres de l’Ordre doivent répondre aux critères définis dans la charte constitutionnelle, c'est-à-dire :
- appartenir à une Église chrétienne et être en conformité avec ses règles,
- s’engager à conduire sa vie d’une manière exemplaire en conformité avec les devoirs et les principes de son Église,
- s’engager à participer, effectivement, aux trois vocations de l’Ordre : spirituelle, hospitalière et chevaleresque.
Qui peut devenir membre de l’Ordre de Saint-Lazare ?
Les hommes, les femmes ainsi que les religieux des différentes Églises chrétiennes qui désirent participer aux trois vocations de l’Ordre : l’unité des chrétiens, le service des plus démunis et le maintien des traditions chevaleresques.
Quelles sont les origines de l’Ordre de Saint-Lazare ?
Celui-ci est considéré comme le plus ancien de la Chrétienté parce qu’il tient ses racines d’une communauté de moines arméniens, dirigés par saint Basile le Grand, ayant fondé vers 370 à Jérusalem une léproserie près la porte Saint-Lazare.
Après la prise de Jérusalem par les croisés en 1099, l’accueil de chevaliers lépreux lui donne son caractère militaire qui sera confirmé par la bulle donnée par le Pape Alexandre IV, le 11 avril 1255. Dès lors, l’Ordre de Saint-Lazare assumera une triple vocation : religieuse, hospitalière et militaire. Depuis une décision prise par le Roi Philippe IV le Bel en1308, les rois de France sont les Protecteurs temporels de l’Ordre.
L'Ordre n'a-t-il pas été aboli lors de la Révolution ?
L'Ordre de Saint-Lazare a été fondé à l'origine par l'autorité papale et ne pouvait donc être supprimé que par une décision papale, non par une autorité séculière ou temporelle. L'Ordre de Saint-Lazare a été déclaré aboli (ainsi que tous les autres ordres royaux) par l'Assemblée nationale française révolutionnaire en 1791, mais ces abolitions n'ont pas été reconnues par la papauté et ont été ensuite annulées par Louis XVIII lors de la Restauration.
En 1825, le roi Charles X décrète que l'Ordre n'est plus décerné et « doit pouvoir s'éteindre ». Notons la formulation qui indique clairement que le roi n’a pas « aboli » l'Ordre, puisque seul le Pape pouvait le faire. Selon le droit canonique, l'extinction d'un Ordre se produit 100 ans après la mort du dernier membre, or le dernier membre vivant admis avant la révolution est mort en 1856 et donc l'Ordre se serait éteint en 1956, ce qui, à l’évidence, n’a pas été le cas comme nous allons le voir.
En effet, l'Ordre a été pris sous la protection spirituelle et temporelle du Patriarche Melkite (Catholique) d'Antioche et de tout l'Orient en 1841 (le Pape Léon XIII a donné au Patriarche la juridiction sur tous les catholiques de l'Empire ottoman en 1893) et s’est consacré, à partir de 1844, à l’Hôpital du Mont-Carmel, puis a développé son activité hospitalière en Terre Sainte, évitant ainsi son extinction. Il est alors dirigé par un Conseil d’Officiers.
En 1910, la Grande Chancellerie de l’Ordre est rétablie en France par son Protecteur spirituel, le Patriarche Grec-Catholique Melkite Cyrille VIII (1902-1916) et jusqu’en 1930, la Gouvernance fut assurée par un Conseil de l’Ordre. En 1930, Don Francisco de Borbón y de la Torre, Duc de Séville fut élu Lieutenant Général, puis Grand Maître en 1935. Depuis lors, les Grands Maître se sont succédés jusqu’à ce jour.
L'Ordre de Saint-Lazare est-il un Ordre ressuscité ou une continuation de l'Ordre historique ?
Comme nous venons d’en rapporter la preuve, il s’agit bel et bien d’une continuité historique et donc juridique depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui ainsi qu’en attestent les documents et études historiques : les chevaliers de l’Ordre se sont succédés sans discontinuité, même lorsque leur nombre fut restreint au XIXème siècle. Il faut souligner que les Patriarches Melkites (catholiques) d'Antioche et de Jérusalem ont toujours confirmé (plus récemment encore dans la déclaration de Kevelaer de 2012) qu'il est passé sous leur protection en 1841 et bénéficie de cette protection depuis lors. On constate donc que les actes assurant cette continuité ont été réalisés et ont produit leurs effets bien avant le terme des 100 ans prévus par le droit canonique.
Les Patriarches ont soutenu une réorganisation (et non, une nouvelle fondation) sous de nouveaux statuts en 1910 à l’initiative de membres catholiques français de l’Ordre ; Ordre sécularisé (en 1772, le pape Clément XIV en avait prononcé le caractère laïc) mais toujours catholique, placé sous le contrôle d'un Grand Maître et la protection du Patriarche.
A noter que l’Église grecque Melkite reconnaît la primauté romaine et l'autorité dogmatique, mais conserve ses propres lois canoniques, sa liturgie et ses privilèges et est appelée " Église sœur " plus que d'être administrativement subordonnée à Rome.
Le Patriarche étant sui juris (gouvernant de son propre chef et non sous le pouvoir d'une autre juridiction), avait donc pleine autorité pour accepter le rôle de Protecteur. L'Ordre est ainsi de droitPatriarcal, et non Papal. Il est donc faux de prétendre que les Patriarches Grecs Melkites n'avaient pas le statut pour réorganiser et sauver de l'extinction un Ordre catholique.
L'Ordre de Saint-Lazare est-il reconnu par le Vatican ?
Précisément en raison de sa nature œcuménique, l’Ordre de Saint-Lazare ne peut être reconnu formellement par le Vatican comme le sont, et eux seuls d’ailleurs, les Ordres de Malte et du Saint-Sépulcre parce que ces derniers sont exclusivement catholiques romains. Mais cela ne signifie nullement une absence de liens.
Effectivement, en témoignage de son union dans la foi avec le Saint-Siège, des prêtres catholiques romains, avec l’accord de leurs évêques respectifs, occupent la charge de chapelains dans des Commanderies de l’Ordre. Rappelons d’ailleurs que l’actuel chapelain catholique du Grand Prieuré de France est Mgr Xavier Rambaud, prélat d’honneur de Sa Sainteté, vice-doyen du Chapitre de Notre-Dame de Paris, vicaire épiscopal et que le chapelain général de la Lieutenance de Saint-Lazare est Monseigneur Alain Bobière, également prélat d’honneur de Sa Sainteté.
Soulignons aussi que le Protecteur spirituel de l’Ordre est le Patriarche de l’Église Grecque-Catholique Melkite, Église unie à Rome depuis le XVIIIème siècle et bénéficiant de la Communion Ecclésiastique accordée par le Pape : actuellement S.B. le Patriarche Joseph Absi, Patriarche Grec-Catholique Melkite d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem
Quels sont les liens entre l’Ordre et les principales églises chrétiennes ?
Fondé au sein de l’Église catholique, l’Ordre de Saint-Lazare s’est ouvert à l’unité des chrétiens durant les Croisades car il regroupait des chevaliers catholiques romains mais aussi catholiques orientaux, grecs melkites. Au XIXème siècle, sous la Grande Maîtrise du Comte de Provence, futur Roi Louis XVIII, il s’est ouvert aux protestants et orthodoxes. Lié aux églises d’Orient dès son origine, il est historiquement en lien avec l’Eglise grecque melkite catholique. Par ailleurs, ses membres étant catholiques, orthodoxes, protestants ou anglicans, de nombreux prélats, religieux ou ministres de ces différentes Eglises sont membres de l’Ordre. Précisons, toutefois, que le Grand Maître et le Protecteur spirituel de l’Ordre sont impérativement catholiques.
L'Ordre n’est-il pas divisé en plusieurs branches ?
Malheureusement, oui : dans les années 1970, une scission se produisit en raison de divergences dans la gouvernance de l’Ordre. Il y eut, dès lors, la Juridiction dite " de Malte ", Juridiction historique, dirigée par le Duc de Séville et la Juridiction dite " de Paris " dirigée par le Duc de Brissac. Cependant, il est important de noter que ces scissions ont été formellement résolues en 2006, dans le cadre de l'accord de réunification de Houston et des accords d'unité de Norwich suivis des chapitres généraux de confirmation à Vienne et à Manchester en 2008.
Le Protecteur Spirituel a encouragé ces réunions et un nouveau Grand Maître pour l'Ordre réuni, Don Carlos Gereda y de Borbón, Marquis d’Almazán (cousin du Duc de Séville) a été élu par les votes de l’ensemble des Chevaliers et Dames de l'Ordre. Une nouvelle constitution a été adoptée à Houston en 2006, à laquelle (après une nouvelle réunification en 2008) des amendements constitutionnels ont été recommandés et acceptés sous réserve du prochain Chapitre général.
Toutefois, en France, d"autres groupes, restent encore en dehors du processus d'unification. Des Juridictions qui avaient à leur tour fait sécession de celle dirigée à l’époque par le Duc de Brissac, notamment celle que l’on appelle " la Juridiction d'Orléans " et celle dite " de Saint Lazare International ", ont été pendant un certain temps sous la protection du Chef de la Maison Royale de France de l’époque, le Comte de Paris, Henri VII de France. Cependant, dans un communiqué du 31 janvier 2014, celui-ci a retiré son soutien et sa protection temporelle et celle de sa famille à toutes les Juridictions de Saint-Lazare.
Existent-ils d’autres Ordres portant le même nom ?
En 1572, le Duc de Savoie s’appropriait les biens de l’Ordre de Saint-Lazare implantés dans son duché. Pour permettre cette démarche il réussissait à obtenir une bulle papale rattachant le Grand Prieuré de Capoue de Saint-Lazare à un Ordre qu’il venait de fonder, l’Ordre de Saint-Maurice. Celui-ci deviendra l’Ordre des Saints Maurice et Lazare. La Maison de Savoie devenant la Maison régnante d’Italie au XIXème siècle, l’Ordre deviendra une décoration dynastique, toujours en vigueur.
Par ailleurs, il existe un peu partout quelques associations ou groupes à vocation commémorative ou caritative se référant à l’Ordre de Saint-Lazare, mais sans pouvoir se prévaloir d’une quelconque légitimité historique ni, par conséquent, juridique.
Pourquoi l'Ordre comporte-t-il ce qualificatif d’Ordre « militaire » ?
L’Ordre s’est militarisé dès la création du Royaume de Jérusalem en 1099 (comme d’ailleurs l’Ordre de l’Hôpital Saint-Jean) et la Bulle du Pape Alexandre IV « Cum a Nobis Petitur », du 11 avril 1254, l’a confirmé en tant qu’Ordre Religieux, Militaire et Hospitalier.
L’Ordre de Saint-Lazare participa aux importantes batailles (prise de Saint-Jean d’Acre, Gaza, Damiette, La Mansourah) tout au long de l’existence du Royaume Chrétien de Terre Sainte jusqu’à la bataille et la chute de Saint-Jean d’Acre en 1291.
L’Ordre poursuivit son action militaire tout au long des siècles suivant, en Europe. Des Chevaliers de Saint-Lazare ont notamment combattu aux côtés de Jeanne d’Arc. L’Ordre a également créé et entretenu une flotte d’environ 10 frégates sur le rivage atlantique, avec des Chevaliers comme Officiers, en collaboration avec la Marine royale et fondé l’Académie de Marine au XVIIIème siècle pour former les cadres de la Marine royale, en particulier.
Depuis la Révolution française et les changements institutionnelles intervenus depuis lors, en France comme d’ailleurs dans tous les pays, en particulier en Europe, l’action militaire relève exclusivement du domaine régalien des Etats. L’Ordre de Saint-Lazare, pas plus qu’aucun autre, n’est donc plus habilité à mener de telles opérations.
Mais si ces modalités ont changé, sa nature, elle, demeure immuable. Cet état d’esprit, au sens plein, s’exprime aujourd’hui par les traditions et valeurs de la Chevalerie qu’il transmet en un héritage vivant et exigeant. Dans cet esprit du service « armé » (de la force de la foi), les membres de l’Ordre :
- se battent en faveur des lépreux des temps modernes, à la fois les personnes physiques atteintes de la maladie de Hansen (lèpre), et plus largement, les malades, les stigmatisés, les défavorisés et tous les oubliés de la Société.
- En tant qu'ordre œcuménique, luttent humblement mais avec constance pour l'unité des chrétiens et la défense de la foi chrétienne.
Aussi, l’Ordre maintient son appellation historique « d’Ordre militaire » avec la fierté de s’inscrire dans les pas de ses Anciens et la volonté d’honorer leur sacrifice, tout en considérant sa mission d’aujourd’hui comme une contribution à la paix.
L’Ordre de Saint-Lazare est-il un organisme commémoratif ou honorifique ?
Absolument pas. L’Ordre de Saint-Lazare n’est pas une Institution commémorative, encore moins une simple décoration. Sa vocation est d’apporter son aide aux plus démunis, de concourir à l’unité des chrétiens et de maintenir vivante la tradition du service chevaleresque.
L'Ordre de Saint-Lazare de Jérusalem est-il officiellement reconnu par les États ?
L'Ordre de Saint Lazare est officiellement reconnu comme " Ordre " par plusieurs États dans le monde et notamment en Europe par le Royaume d'Espagne, la Hongrie et la Croatie. De plus, l'Ordre est reconnu et enregistré comme Organisme de Bienfaisance dans la majorité des pays dans lesquels il opère, conformément aux lois locales en vigueur.
En France, la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur ne reconnaissant officiellement comme Ordre (de décorations) que ceux qui sont conférés par un Etat souverain, l’Ordre de Saint-Lazare est enregistré comme association régie par la loi du 1er juillet 1901.