Mission spirituelle de l'Ordre de Saint Lazare de Jérusalem
L'ordre de Saint Lazare de Jérusalem est un Ordre de Chevalerie Hospitalière, œcuménique, réunissant des membres des Églises Catholiques, Anglicane, Orthodoxe et Protestante, ayant en commun la volonté de mettre en pratique les principes de la charité chrétienne et la défense des oubliés de notre société.
Fondé au sein de l’Église catholique, l’Ordre de Saint-Lazare s’est ouvert à l’unité des chrétiens durant les Croisades car il regroupait des chevaliers catholiques romains mais aussi catholiques orientaux, grecs melkites. Au XIXème siècle, sous la Grande Maîtrise du Comte de Provence, futur Roi Louis XVIII, il s’est ouvert aux protestants et orthodoxes. Lié aux églises d’Orient dès son origine, il est historiquement en lien avec l’Église grecque melkite catholique. Par ailleurs, ses membres étant catholiques, orthodoxes, protestants ou anglicans, de nombreux prélats, religieux ou ministres de ces différentes Églises sont membres de l’Ordre. Précisons, toutefois, que le Grand Maître et le Protecteur spirituel de l’Ordre sont impérativement catholiques.
En raison de sa nature œcuménique, l’Ordre de Saint-Lazare ne peut être reconnu formellement par le Vatican comme le sont, et eux seuls d’ailleurs, les Ordres de Malte et du Saint-Sépulcre parce que ces derniers sont exclusivement catholiques romains. Mais cela ne signifie nullement une absence de liens. Effectivement, en témoignage de son union dans la foi avec le Saint-Siège, des prêtres catholiques romains, avec l’accord de leurs évêques respectifs, occupent la charge de chapelains dans des Commanderies de l’Ordre. Rappelons d’ailleurs que l’actuel chapelain catholique du Grand Prieuré de France est Mgr Xavier Rambaud, prélat d’honneur de Sa Sainteté, vice-doyen du Chapitre de Notre-Dame de Paris, vicaire épiscopal et que le chapelain général de la Lieutenance de Saint-Lazare est Monseigneur Alain Bobière, également prélat d’honneur de Sa Sainteté.
Soulignons aussi que le Protecteur spirituel de l’Ordre est le Patriarche de l’Église Grecque-Catholique Melkite, Église unie à Rome depuis le XVIIIème siècle et bénéficiant de la Communion Ecclésiastique accordée par le Pape : actuellement S.B. le Patriarche Joseph Absi, Patriarche Grec-Catholique Melkite d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem
La vie chrétienne des membres de l’Ordre
Les membres de l’Ordre doivent saisir au plus profond de leur cœur que l’engagement chevaleresque est une modalité de vie chrétienne, selon la pluralité des charismes décrits par saint Paul (I Co XII-XIV) et pas seulement l’appartenance à une Institution fût-elle historique et prestigieuse comme l’Ordre de Saint-Lazare de Jérusalem.
En effet, la chevalerie confère un état (au sens ontologique), l’adoubement pouvant être considéré comme un sacramental au sens théologique du terme, ce qui la différencie radicalement d’une décoration, quand bien même on qualifie celui qui reçoit celle-ci de chevalier comme le font souvent les Ordres nationaux en de nombreux Pays.
Les vertus chrétiennes (cardinales et théologales) ainsi que les grâces des Béatitudes doivent donc être cultivées par tout membre d’un Ordre chevaleresque avec ferveur et assiduité afin de mériter et de vivre réellement cet état. Il en va de la sincérité envers le Seigneur et de la loyauté envers le prochain.
Les membres de l’Ordre de Saint-Lazare doivent donc garder indéfectiblement le sens de leur état en n’oubliant jamais qu’au sein du christianisme la voie chevaleresque, avec ses charismes propres et sa mission particulière, constitue une authentique voie vers la sainteté. Elle est, en son âme et son élan, l’un des sentiers qui mènent au Seigneur pour qui la vit selon cette vérité sous la maternelle protection de la Sainte Vierge Marie.
Simultanément, chacun des membres - en tout premier lieu ceux qui ont reçu l’adoubement, donc l’état chevaleresque - doit toujours avoir conscience qu’il est garde et veilleur aux remparts du monde chrétien et qu’en cela, il est bien ce compagnon des anges qui composent la divine milice sous l’égide de Saint-Michel archange, paradigme et patron de la chevalerie. C’est pourquoi il est dit que les anges et les chevaliers combattent ensemble, en frères d’armes, et que les premiers assistent les seconds dans leurs engagements armés d’ici-bas. En effet, tout chevalier ne doit jamais oublier qu’il est requis dans l’exigence du combat dans le siècle, lorsqu’il s’avère nécessaire et l’ultime recours (cf. principalement saint Augustin et saint Thomas d’Aquin).
Pour faire croître la foi et fructifier les grâces reçues par les sacrements, il convient de suivre l’exemple des saints de l’Église et d’enraciner le quotidien de ses jours dans le Seigneur et l’actualité de son amour, sans cesse dispensé sur ceux qui lui ouvrent leur âme.
A cette fin, la tradition chrétienne a développé ce qu’il est convenu d’appeler les exercices spirituels (du grec Askêsis, ἄσκησις : ascèse, exercice, entraînement) ou actes de dévotion dont la pratique raisonnée et authentique constitue la constance de toute vie selon l’Esprit.
En effet, les exercices spirituels, œuvre essentielle dans l’édification de la vie chrétienne, sont à la fois actes de piété, fontaines de grâces et dialogue permanent avec Dieu, Trinité Sainte.
Dès l’origine et jusqu’à la sécularisation de l’Ordre en 1772, les chevaliers de Saint-Lazare prononçaient les vœux monastiques. A leurs côtés, à l’instar des autres Ordres chevaleresques fondés en Terre Sainte (le Temple et Saint-Jean de Jérusalem, notamment), des chevaliers laïcs pouvaient servir dans l’Ordre pour un temps donné sans y prononcer ces vœux, mais il est bien évident que tous observaient les principes fondamentaux d’une vie chrétienne. A ce titre, l’Ordre possède un « livre d’heures » comme on disait autrefois, afin de nourrir et guider la prière de ses membres. Nous le présentons ici.
En tout état de cause, depuis 1772 et en leur aujourd’hui, chaque membre de l’Ordre peut s’inspirer de ce livre et suivre les principes rappelés ci-dessous, lesquels sont d’ailleurs ceux de toute âme chrétienne fervente.
- Participation fréquente à la sainte messe pour les catholiques, les orthodoxes et les anglicans ; au culte pour les protestants.
- La prière : elle exprime le plus parfaitement l’amour pour Dieu ainsi que l’esprit d’humilité qui puise sa force dans les vertus théologales de foi, d’espérance et de charité. Elle constitue l’intime du dialogue permanent que Dieu désire entre lui et chacun de ses enfants en Christ.
- La lectio divina : elle se présente comme l’un des exercices spirituels traditionnels et essentiels à la croissance d’une âme chrétienne et consiste à lire un passage de l’Écriture (ou d’un livre de spiritualité) selon ce principe des quatre temps caractérisant cette lectio : lecture, méditation, oraison, contemplation.
Bien évidemment, chacun peut y adjoindre des actes de dévotions qui lui tiennent à cœur, notamment les pèlerinages, les retraites spirituelles, l’adoration du Saint-Sacrement, la consécration au Sacré-Cœur de Jésus et au Cœur Immaculé de Marie.